Réparation du moteur
- HumaniSea Mag
- 20 avr. 2018
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 août 2018
Il fallait m'y voir. Accroupi avec une lampe frontale essayant d’aider Antoine, du mieux que je le pouvais, à déboulonner un machin de notre moteur dont je venais d'apprendre le nom. Je me suis retrouvé en face à face, pendant plusieurs semaines, avec un engin Perkins de 40cv qui avait décidé de s'éteindre à la suite d’une manœuvre compliquée à la sortie du Port de Villeneuve-Loubet où nous avions acheté le voilier quelques mois auparavant.

Ce voilier avait décidé de nous tester et nous avons rapidement compris qu’il ne se laisserait pas entraîner au quatre coins de la Méditerranée sans s’être préalablement assuré que son capitaine, et son 1er matelot, étaient prêts à se salir un peu les mains pour le faire avancer. Lors de la toute première sortie en mer, et après quelques minutes seulement, notre aventure a donc commencé. Par chance, nous sommes parvenus à amener le voilier dans un petit coin tranquille du Languedoc Roussillon, Port-la-Nouvelle, pour s’attaquer à ce tout premier chantier.
La logique est simple : ça ne marche pas et il faut comprendre pourquoi. La réalisation est une épreuve de patience, et la progressive découverte de l’importance de la panne donne quelques sueurs froides à votre porte-monnaie. Mais nous n’étions pas prêts à nous laisser décourager. Nous avons choisi un voilier, et comme me l’a si bien résumé Antoine après quelques heures d’investigation , « la voile, c’est génial, c’est que des emmerdes » ! Le démontage a donc commencé, et nous sommes rapidement parvenus à la conclusion que le moteur était « serré » (comprenez : « c’est franchement pas cool, il va falloir le sortir du bateau et le remettre à neuf »). Là encore, si l’étape semble simple, imaginez sa concrétisation : le moteur se trouve au milieu du bateau et pèse dans les 300kg. Pour le sortir, vous devez l’extraire de son compartiment avec un jeu habile de cordages et de palans. Après l’avoir, centimètre par centimètre, déplacer dans la coursive du voilier, il ne vous reste ensuite qu’à lui faire monter quelques marches pour le déposer sur le pont, puis le transférer vers le quai en évitant si possible qu’il ne vous échappe pas des mains et choisisse de finir sa vie au fond du port. Ah, et j'oubliais un détail : Antoine a fait tout cela tout seul car j’étais occupé pendant quelques semaines à préparer la soutenance de ma thèse. Je recevais donc des photos du moteur au cours de son voyage vers le coffre de la voiture d’Antoine, épique !
Une bonne chose de faite ! Le moteur a ensuite été déposé dans un atelier de Bézier et nous avons sereinement attendu l’addition. Nous l’avons avalée et digérée. Puis nous avons attendu quelques mois pour le récupérer, reconditionné, et le réinstaller à bord. Vous commencez à comprendre que rien n’est simple à bord d’un voilier, et cette dernière étape est la plus belle. Vous récupérez un moteur en pièces détachées. Après être parvenus à le repositionner dans son compartiment, à vous de vous amuser pendant quelques semaines avec ce salissant puzzle. Vous arriverez ensuite à ces quelques secondes d'adrénaline qu’entraînent l’introduction de la clef de contact et son quart de tour vers la droite. Les yeux fermés, vous attendez l’apparition de quelques vibrations et d’un ronronnement réconfortant. Si, comme nous, vous trouvez les secondes un peu longues, c’est qu’il ne s’est rien passé. Cela aurait d’ailleurs été trop facile, et vous devez mériter votre champagne.
Une nouvelle série d’investigations nous as permis d’identifier le problème. Et après quelques dévissages, vissages, dévissages et vissages supplémentaires, le moteur est reparti. La pression d’huile n’était pas bonne, ça fuyait de partout, mais ça marchait.
Et je dois vous préciser ici quelque chose : durant les nombreuses semaines passées à Port-la-Nouvelle focalisés sur la machine, nous ne nous sommes jamais sentis seuls. Une fine équipe s’est rapidement relayée pour venir nous aider dans les différentes étapes de cette première aventure. Chacun nous a apporté de précieux conseils et un sacré coup de main lorsque l’étape de reconstruction s’avérait périlleuse. Et ils étaient présents après les derniers ajustements pour célébrer la résurrection de ce moyen de propulsion.
Pierre, George, Patrice, Hervé, Gérard, Grégory… nous avons été touchés par leur aide et leur gentillesse. Nous leur souhaitons bon vent et nous vous donnons rendez-vous pour le prochain chapitre de ce journal.
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