Le guêpier d'Europe par A-MO

A-MO, on le rencontre d'abord sur les murs des rues de Bordeaux. Aux détours d'une ruelle, il pose son art sur le béton. On le rencontre aussi sur toiles, à la galerie Bernard Magrez. C'est complémentaire pour lui, il n'oppose pas ces supports. Sa technique de street artiste, c'est le Paintag, ça consiste enfaite à peindre en superposant des tags. Son truc, c'est de graffer des animaux, il le fait depuis son enfance, s'exprimer en créant est pour lui le fil conducteur de sa vie.

"L'art urbain est pour moi un art positif, accessible à tous et centré sur le partage. "

A-Mo nous a tapé dans l'œil lorsqu'on s'est rendu à Darwin, un lieu alternatif sur la rive droite de la Garonne. Il venait de peindre un grand chimpanzé, le regard puissant, il tendait aux Hommes un gilet de sauvetage...

Voilà ce que l'artiste en dit : "J’ai peins ce chimpanzé dans le cadre du festival Climax 2017. La thématique était « tous migrants ». L’idée de cette peinture qui fait 4m de haut est très simple : je met en corrélation la condition animale et la condition humaine. La déforestation, la pollution et globalement l’activité humaine entrainent des migrations animales sans précédent. Les animaux se retrouvent prisonniers dans des habitats naturels de plus en plus atrophiés et chaotiques… Il en est de même pour les populations de migrants qui fuient des pays en proie à la violence et au chaos. Une fois hors de leurs frontières ces gens sont donc appelés « migrants ». Statut qui semble leur enlever toute humanité à en croire la manière dont ils sont trop souvent accueillis et parqués dans des camps de fortune. Considérés et traités comme des animaux, montrés du doigt ou ignorés, rien ne semble les différencier de ces animaux que l’on utilise, que l’on montre ou que l’on laisse mourrir, au bon vouloir des tendances politiques…. Le gilet de sauvetage renvoie directement à la traversée qui les a mené là et permet de faire le lien entre l’Homme et l’animal."

A-Mo a voulu tenter quelque chose d'autre. Quelque chose de nouveau, jamais fait : poser son art sur une voile de bateau. Ce sera un guêpier. Il n'a encore jamais peint cet animal. Il est plein de sens pour nous : Oiseau / Chercheur, il sera peint en observateur.

Devenu symbole de notre expédition, nous aimerions partager certaines de ses caractéristiques ornithologiques pour comprendre sa place dans le projet :

Le guêpier est un oiseau migrateur, de la taille d'un merle, il est semblable à l'arc en ciel. II a le dos brun-marron à jaune paille, le ventre bleu turquoise, la calotte brune, la gorge jaune, les ailes allient brun, bleu vert et son bord de fuite est noir. Sa queue est bleu électrique avec une pointe effilée. Un bandeau noir lui entoure l’oeil à l’iris rouge et son front est blanc, c'est une véritable palette de couleur ! Son bec noir est long et pointu, légèrement courbé vers le bas c'est un outil remarquable qui lui sert à la fois de pince pour chasser et de pioche pour creuser son terrier.

Surnommé le chasseur d'Afrique, le guêpier d'Europe est un petit oiseau qui capture en vol guêpes et abeilles.

Il arrive en Europe depuis l'Afrique en avril pour nicher et rejoint les rives africaines en septembre. D'origine tropicale, le guêpier supporte mal le froid, il migre donc vers le sud pour hiverner. Ils quittent l'Europe et ses sites de nidification pour gagner l'Afrique.

Les envols s'effectuent par vagues successives, comptant de 20 à 40 individus. Évoluant haut dans le ciel, les guêpiers parcourent jusqu'à près de 500 km par jour, se posant pour dormir la nuit. Ainsi, sur une distance pouvant atteindre 8 000 km, les migrateurs passent par monts et par vaux, franchissant des cols, survolant forêts, mers et déserts. Les itinéraires qu'ils empruntent en venant d'Europe évitent le plus possible les mers. Ainsi, la plupart des guêpiers traversent la Méditerranée par le détroit de Gibraltar, mais certains d'entre eux la parcourent dans sa plus grande largeur. Au fur et à mesure de leur progression vers le sud, les groupes fusionnent, se retrouvant aux haltes ou le soir. Ils finissent par rassembler des centaines d'individus.

Au cours de cette migration, il arrive que la mortalité soit importante, à la suite de grands froids ou de tempêtes, mais aussi à cause des prédateurs rencontrés sur le trajet. Exténués par la route, les guêpiers sont une proie facile pour le faucon pèlerin, le faucon lanier ou encore pour le faucon concolore, rapace d'Afrique du Nord. La traversée nord-sud du Sahara, pendant laquelle les oiseaux continuent parfois à voler de nuit, est la dernière partie du voyage. Toutes les espèces de guêpiers hivernent au sud du Sahara, dans les steppes ou dans les savanes , le plus souvent au bord de lacs ou de rivières.

Vers la mi-février, peut-être lorsqu'ils perçoivent de hautes pressions atmosphériques dans les ciels tropicaux, les guêpiers repartent vers l'Europe, l'instinct les conduisant généralement à retrouver leur site de nidification natal.

Notre guêpier nous accompagne maintenant au fil de l'eau. Il a pris sa place sur notre grand voile et Denis Hervouet, un graphiste a créé notre logo utilisant ce bel oiseau.

Voici comment Denis nous le décrit : " Le logo qui a été réalisé pour illustrer le projet The HumaniSea Challenge tourne autour de deux éléments principaux : l’image des sciences humaines qui est au cœur du projet, et celle de la navigation, qui est un des moyens pour réaliser cette aventure humaine. Il a donc été travaillé pour renvoyer vers ses deux images. Dans un premier temps l’oiseau, le guêpier, l’idée est d’en faire un observateur, qui veille sur l’ensemble, un peu comme un guide protecteur. Cet oiseau, très vif et coloré, est un observateur, spectateur de l’évolution de la nature, dans les différentes parties du globe qu’il traverse lors de ses longues migrations. Il fait donc un parfait écho à cette aventure. Le logo englobe aussi leur laboratoire nomade qu’est l’Incroyable qui y est directement représenté"

Retrouver l'art d'A-MO sur : http://a-mo-art.com

Et les créations de Denis sur : http://www.behance.net/donuts